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Né à Saint-Cloud, j’ai vécu et travaillé à Paris de 1980 à 1995 avant de m’installer en Bretagne. Happé par la baie de Douarnenez, je me suis partagé entre Quimper et Locronan, situés face à la baie. C’est une rencontre avec Robert Doisneau en 1984, qui me donne confiance en la photographie. Grâce à son encouragement et à son soutien, j’expose « Le cirque de Paris » : un suivi de ses pérégrinations dans Paris intramuros, promeneur parcourant la ville à la recherche des pulsions urbaines, j’avais lié des relations privilégiées avec ce cirque.
Habitant le quartier des Batignolles j’ai rapidement rencontré Jean-François Bauret qui avait son atelier rue des Batignolles. Son précieux enseignement a révélé mon intérêt grandissant pour le portrait photographique. Je tente depuis de sublimer les confrontations que le portrait photographique permet de dévoiler.
À travers mon objectif, et dans la rencontre inhérente à la pratique du portrait, je cherche à capter cet instant de vérité ou ce moment de relâchement, de lever du masque.

Pendant longtemps, ma photographie ne pouvait être que noir et blanc. Le noir et blanc propose, la couleur impose disait Jean Dieuzaide. Le noir et blanc permet de distiller l’essentiel. Je peux enregistrer fidèlement et interpréter subtilement. À mes yeux, c’est un jeu d’équilibre unique, inconcevable dans d'autres moyens d’expression. Il est encore pour moi aujourd’hui, alors que la couleur entre peu à peu dans mon travail, l’expression la plus parfaite de la photographie.

Vient ensuite une rencontre décisive avec Georges Fèvre, tireur de Robert Doisneau et de Henri Cartier Bresson. Homme généreux et grand pédagogue il m’enseigne les subtilités et l’amour de la pratique du tirage argentique. Ce savoir de l’ombre si particulier, qui oscille sans cesse entre l’artisanat et l’indispensable interprétation artistique. Ce savoir, généreusement transmis, me permet de donner à mes images plus de corps et d’âme. Le tirage révèle les images, c’est un moment crucial dans la photographie argentique, comparable à l’interprétation par un musicien d’une partition musicale. J’essaie d’obtenir des noirs qui paraissent noirs, mais qui ne sont pas noirs ; des gris qui prennent des nuances innombrables ; des blancs qui paraissent blancs, mais qui ne sont pas réellement blancs… qui traduisent le contact avec la matière et révèlent la vie.
Le tirage est le lien et le style de ce que l’on veut exprimer et de ce que l’on est.

Ma carrière de photographe professionnel commence en 1992, grâce au soutien et la confiance de mon épouse Emmanuelle Verlet pour que je quitte un emploi sécurisant en logistique afin d’embrasser une carrière de photographe.  
Après avoir créé mon atelier Aktinos à Paris (en grec le rayon de lumière), nous venons nous installer à Locronan face à l’incomparable baie de Douarnenez en 1995. J’ouvre en 1997 à Locronan un atelier-galerie-photo Verlet-Banide où sont exposés et diffusés mes tirages. Je développe une activité de tireur noir et blanc reconnue pour sa qualité en complément de mes activités d’auteur photographe et de photographe pour les partenaires institutionnels et privés.
Depuis ma rencontre avec le tireur admirable qu’est Georges Févre, le tirage argentique est une passion. Mon métier de tireur m’a apporté une reconnaissance qui m’a valu de tirer pour plusieurs auteurs comme les grands photographes Anita Conti et Michel Thersiquel.
J’organise également de nombreux stages de formation à Locronan avec l’Association Impossible créée par la photographe Frédérique Aguillon. En dépit du succès de ces stages, j’ai choisi de me consacrer plus exclusivement à la photographie d’auteur. Néanmoins, je poursuis l’animation d’un atelier photo à la MPT de Kerfeunteun, à Quimper, soucieux de transmettre mon savoir argentique auprès d’un public varié et de tout âge.

Depuis l’arrivée du procédé numérique, je m’intéresse au tirage numérique en Digigraphie, un label technique qui permet de produire des impressions de très haute qualité sur des papiers fine art.
Mon expérience m’a conduit à aborder le labo numérique avec la même sensibilité et intuition que celle que j’utilise dans mon labo argentique tout en m’incitant à explorer peu à peu la couleur pour mon travail personnel. Des supports et textures jusqu’alors inaccessibles à la photo (hormis aux procédés anciens) sont désormais possibles. Des travaux couleurs nés de l’apport de cette technologie et du transfert de mon expérience et ma sensibilité de photographe argentique émergent. Ma préoccupation majeure reste inchangée : obtenir un tirage final qui pourra révéler et exprimer la moelle et la saveur de l’image que j’ai captée.