Lors d’un long séjour de deux mois dans les Pyrénées Ariégeoises en 1985, j’ai suivi de jeunes bergers et tenté d’apporter un témoignage de leur vie dans un milieu unique. Le noir et blanc s’est imposé à moi comme le moyen d’effacer une indication de temps sans jamais induire un regard nostalgique : il s’agissait de donner à voir, toute époque et tout lieu confondus, le lien qui unit le berger et son troupeau à l’environnement naturel. J’ai porté une attention particulière aux gestes des bergers et aux déplacements du troupeau le long des pentes, suivant de près leurs migrations. Évitant d’illustrer de manière anecdotique l’estive ou de porter un regard ethnographique sur ce travail saisonnier, j’ai voulu souligner une harmonie universelle et intemporelle avec la montagne par le biais du cadrage, favorisant les diagonales, et du travail sur la lumière dans le tirage. Ces photographies ont été exposées la dernière fois au mois de la photo à Mont Dol en 2007.